Landed On The Moon, Las Vegas 2011
Grâce à l’entraineur Freddie Roach et son boxeur philippin Manny Pacquiao, je suis allée à Las Vegas en 2008. Je réalisais à l’époque un reportage pour L’Equipe sur le combat à venir entre Manny Pacquiao et Oscar de la Hoya.
En 2011, je reviens à Las Vegas pour couvrir un autre combat de boxe professionnelle mais cette fois-ci la récession a frappé fort : 14,9 % de chômage. C’est l’une des villes les plus touchées de la nation par la banqueroute économique.
Je reste avec l’intention de découvrir l’envers de ce décor à paillettes, ou grandeur et décadence côtoient une misère visible à chaque coin de rue, bien que les sans abris soient constamment repoussés du Strip vers downtown, loin du regard des touristes,
Downtown Las Vegas est considéré comme une autre ville dans la ville. Un territoire où la misère économique est vraiment visible, incarnée entre autres par les “homelesses”, les prostituées, et les "foreclosures".
J’ai rencontré Eddie et Jody, un couple de sans abris qui vivent actuellement dans un motel downtown. Ils sont devenus mes guides et surtout mes amis. Grâce à eux j’ai rencontré des sans abris qui vivent dans les tunnels et dans la rue et qui souvent transitent de l’un à l’autre, avec parfois une pause dans un motel payable à la semaine.
Eddie et Jody se sont rencontrés lorsqu’ils vivaient dans la rue, près d’une voie ferrée. Amoureux et inséparables. Ils ont survécu ensemble aux difficultés d’une vie dure et marginale dans la rue puis se sont installés dans un tunnel pendant sept ans, à deux pas des lumières du Strip.
Etrangement les sans abris, tout comme les strippers et les prostituées photographiées au cours de ce voyage, me sont tous apparus comme les personnages les plus réels et les plus humains de cette ville contrairement à ses habitants affables mais à la gentillesse souvent trompeuse.
Je poursuis ce travail aujourd’hui comme un puzzle, en mélangeant volontairement ces visages et ces corps échoués dans ce paysage lunaire et à travers leurs récits, souvent tragiques, j’observe ce qui est le propre de cette ville : posséder un jour et tout perdre le lendemain...